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Nouvelle production du Voyage à Reims au Théâtre de Wallonie, Liège.
Plus de quinze ans après sa redécouverte, le Voyage à Reims de Rossini reste toujours aussi pétillant. En mars dernier, l'Opéra royal de Wallonie en a
offert une version à la hauteur de son enseigne: souveraine.
par Antoine LIVIO
Le Voyage à Reims est un opéra des prime donne, des stars rassemblées autour de la Pasta pour le Couronnement de Charles X. L'ouvrage fut volontairement
oublié, puisque le compositeur lui-même l'a mutilé pour en utiliser les
pages les plus pimpantes dans Le Comte Ory. Il s'agit donc à la fois du
dernier ouvrage en italien de Rossini et de son premier ouvrage français
!Lorsqu'en 1984, l'opéra fut enfin retrouvé, reconstitué par Janet Johnson
et recréé par Claudio Abbado au Festival de Pesaro, la distribution ne
comprenait que des têtes d'affiches, au point qu'après Milan et Vienne,
l'ouvrage ne put pas être représenté à Paris pour des raisons économiques.
La mise en scène de Ronconi était fastueuse. Installé en toile de fond de la
scène de la Scala, un écran géant projetait la sortie du roi, non de la
cathédrale de Reims, mais d'une des grandes églises de Milan proche de la
Scala. Car sur le choeur final, le cortège royal toujours filmé entrait dans
la Scala, l'écran s'éteignait et la salle s'allumait pour une apothéose
invraisemblable, digne de la partition, avec toute la cour de Charles X qui
montait sur scène!
Inutile de préciser que l'Opéra royal de Wallonie n'avait nulle envie d'un
tel faste. Il a donc demandé à Antoine Bourseiller de concevoir une mise en
espace de cet opéra qui n'en est pas un et ressemble plutôt à une succession
de tableaux de revue, à la mode du Casino de Paris. L'action de situe dans
une ville d'eau, à Plombières, où se retrouve un bel échantillon de
personnalités diverses qui doivent se rendre à Reims pour assister au
couronnement de Charles X. Malheureusement, il n'y a plus un seul cheval
disponible et nos VIP sont ainsi retenus prisonniers dans Plombières par la
fatalité et ils décident de célébrer l'événement à leur façon.
La jeunesse des interprètes, l'agilita rossinienne du maestro Alberto Zedda, grand spécialiste du genre, confèrent à l'ouvrage une vitalité et une
drôlerie qui correspondent tout à fait à l'envolée de la musique. Oh ! si
c'est du beau Rossini, ce n'est pas un grand opéra. Ce n'est ni le Barbier,
ni l'Italienne, mais c'était une excellente idée de monter l'ouvrage ainsi
pour prouver combien Rossini est capable de jouer avec les notes comme avec
les mots et permet ainsi de mettre en valeur de jeunes talents. Tous
n'étaient pas de la même qualité, mais Nicolas Cavalier (en Lord
britannique) prouva qu'il méritait grandement ce Grétry de Cristal que
l'Association des Amis de l'Opéra royal de Wallonie décerne chaque année à
un artiste particulièrement fidèle et brillant.
Opéra Royal de Wallonie, Liège
Le 17/03/2000
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