Adieu les dieux ! Voilà, c’est fini ; les dieux n’ont plus soif ; le Walhalla est consumé, maigre brasier représenté par deux trois flammes dans un aquarium suspendu. Et passée la satisfaction d’avoir assisté à un cycle complet de La Tétralogie, l’occasion n’est pas si fréquente, force est de constater que l’impression reste mitigée. Bob Wilson en est la première et principale raison. Son système ne parvient pas à saisir toutes les dimensions de l’épopée wagnérienne. Convaincant quand il s’agit de décrire le monde onirique des dieux et des héros, il échoue dès que l’histoire aborde des rivages plus humains. Die Götterdämmerung en offre le meilleur exemple. Le tableau des Nornes, créatures végétales comme engluées dans les fils du temps, est une réussite incontestable malgré l’incapacité vocale de Marisol Montalvo à prédire l’avenir. A l’inverse, les scènes entre Gibichungen, privées de mouvement, s’enlisent. C’est que l’œuvre, dernière du cycle, fut la première écrite. Par son livret, elle s’affranchit moins que les précédentes des conventions de l’opéra et s’appuie sur des serments, des philtres, des conjurations, autant d’éléments traditionnels qui demandent un autre traitement que la répétition mécanique de gestes saccadés et l’utilisation magnifique des éclairages. L’immolation de Brünnhilde, confidentielle plutôt que spectaculaire, dépourvue de dramatisme, achève de décevoir. Et pourtant Linda Watson n’a jamais paru aussi vaillante. La voix retrouve son assise, les aigus frappent juste, qualités impensables à l’écoute de la seule Die Walküre en octobre dernier, sans toutefois atteindre l’intensité exigée mais sans que les nuances du chant, déjà appréciées dans Siegfried, en pâtissent. Son partenaire, Nikolaj Andrej Schukoff, n’affiche pas le même héroïsme. Par son format vocal, il évoque plus Tamino que le heldentenor, fort et endurant. L’ampleur du rôle le dépasse et les notes s’étranglent parfois. Mais l’absence de bravoure se traduit par une certaine clarté et, physiquement, par une allure d’une étonnante jeunesse. Rarement Siegfried aura semblé aussi séduisant, élégant, féminin presque. Le couple qu’il forme avec le Gunther de Dietrich Henschel, gabarit tout aussi modeste mais noble et longiligne silhouette, en devient troublant. Leur déclaration d’amitié se teinte d’une couleur inhabituelle. Pour un peu, le secret de Brokeback Mountain deviendrait celui de la colline de Bayreuth. Et ce n’est pas Hagen qui viendra contrarier leur entente. Kurt Rydl, annoncé souffrant avant le lever du rideau puis une deuxième fois après l’entracte, ne peut donner sa pleine dimension au fils d’Alberich. Restent Mihoko Fujimura, Waltraute après Fricka, mais toujours aussi superbe de ton, de ligne et de projection et la belle interprétation de Christine Goerke, qui parvient, l’exploit n’est pas mince, à caractériser l’ingrate Gutrune. Enfin, pas d’anneau sans baguette. A défaut d’être magique, celle de Christoph Eschenbach conduit à bon port un Orchestre de Paris réconcilié. Sa direction s’alanguit parfois (le début de l’acte I) ou, au contraire, s’enfle et s’emporte à l’excès (les interludes symphoniques) mais, atout majeur tout au long du prologue et des trois journées, il maintient l’équilibre entre la fosse et la scène. Le récit s’achève mais l’histoire n’est pas terminée. Les adulateurs de Richard Wagner prendront soin de ne pas quitter Paris trop vite. L’auditorium du Louvre annonce du 23 février au 20 mars une manifestation entièrement consacrée au maître de Bayreuth dont le programme (musique filmée, colloque, lectures, concerts) ne manquera pas de combler leur féroce appétit. Les boulimiques fileront ensuite à Cologne avaler en deux jours, les premier et deux avril, les quatre œuvres du cycle, dirigées par Markus Stenz et mises en scène par Robert Carsen. A l’opposé de la vision de Bob Wilson, elle prouve, si il en est besoin, que La Tétralogie se prête à un nombre infini d’interprétations. Celle du Châtelet, quelles que soient ses qualités, n’emporte pas la préférence. Christophe Rizoud |
altamusica.com Théâtre du Châtelet (Paris), le 26/01/2006 CRITIQUES DE CONCERTS Création à Paris de Crépuscule des Dieux de Wagner mis en scène par Bob Wilson et sous la direction de Christoph Eschenbach au Théâtre du Châtelet.Ring 2005-2006 (4): Record crépusculaire Point final au Ring de Bob Wilson au Châtelet avec la confirmation du mieux déjà entrevu dans Siegfried la semaine passée. L’imagerie wilsonienne semble n’avoir jamais aussi bien collé au temps musical wagnérien, avec en prime un record de durée dans la direction de Christoph Eschenbach, qui porte à presque cinq heures ce dernier volet. par Yannick MILLON Tenir un premier Ring sans coup férir relève pour un chef d’orchestre de la gageure. Après avoir dirigé la Tétralogie à Bayreuth entre 1976 et 1980, Pierre Boulez avouait n’avoir réussi à dominer le colosse wagnérien qu’au bout du troisième été. À Paris, Christoph Eschenbach aura naturellement connu pour son premier essai des hauts et des bas. Si on retrouve, certes, dans ce dernier volet, la même tendance à appuyer des forte qui saturent vite dans la fosse du Châtelet, à lâcher par trop la bride de la dynamique dans les grands passages symphoniques, on commence à percevoir un fil conducteur tout au long de cette partition fleuve alors que la battue, inouïe au sens premier, n’aura jamais été aussi lente : cinq heures pour ce Crépuscule, dont presque deux heures et quart pour le seul premier acte. Mais cette lenteur s’intègre bien à la mise en scène et se voit, dans les nuances médianes, assortie d’une certaine transparence, d’un beau sens de la couleur – une scène des Nornes sombre et désabusée, aux cuivres bouchés inquiétants ; une scène du Rhin fluide et lentement ondulante. Les affrontements du II y perdent quelques plumes, la Marche funèbre de Siegfried et l’Immolation finale apparaissent démesurées, quoique parfaitement défendues par un Orchestre de Paris à qui l’on tire un grand coup de chapeau pour avoir servi, jusqu’à presque minuit et de manière aussi professionnelle, une conception inhabituellement étirée. La distribution reste aussi inégale que dans les trois premiers volets, et oscille entre l’excellent – le Hagen effrayant de noirceur, de puissance et de sonorités charbonneuses, de Kurt Rydl, seul véritable wagnérien du plateau ; la Waltraute hypnotique de Mihoko Fujimura, qui delivre en son long monologue des pianissimi suspendus à en perdre la notion du temps –, le tout venant wagnérien de notre époque – la Brünnhilde toujours guère réveillée de Linda Watson, dont la placidité est en cause, non les joliesses ; le Gunther veule à souhait mais court de projection de Dietrich Henschel ; la Gutrune transparente de Christine Goerke ; – et l’erreur de distribution – si Jon Frederic West avait nettement plus la voix de Siegfried que son physique, constat inverse pour Nikolai Schukoff : il est inconscient de faire chanter au jeune ténor lyrique un rôle dont il n’a ni l’héroïsme ni l’endurance, même s’il s’en sort courageusement eu égard à l’absurde de cette prise de rôle. Toutefois, la relative cohésion de ce Crépuscule reste avant tout le fait de l’orfèvrerie scénique de Bob Wilson, dont l’art touche ici au sublime, sans chute de tension au III comme dans Siegfried. La scène des Nornes distille au mieux ce sentiment d’inévitable, de fin du monde que la musique étale en pleine obscurité, avec l’immense traîne que se partagent, prisonnières du destin, des Parques portant à bout de bras quelques restes du frêne du monde. Le passage dans l’au-delà de Siegfried assassiné, vécu comme une vision de cauchemar, restera dans les esprits, tout comme le changement de dispositif après la veille de Hagen au I, qui n’a jamais autant suivi la musique et facilité la digestion d’un acte plus long que de raison, surtout ce soir. Reste à voir comment l’ensemble de ce Ring inégal tiendra le choc lors des exécutions en cycle en avril prochain, dont on sait déjà qu’elles auront lieu sans le Siegmund de Domingo, annoncé démissionaire tout récemment. |
Plaisir et frustrations Après Siegfried avant-hier et Götterdämmerung ce soir, la boucle est bouclée et on peut faire un bilan. Dix ans après la production de Jeffrey Tate et Pierre Strosser, Paris accueille donc un nouveau Ring et c’est toujours le Théâtre du Châtelet qui monte ce cycle imposant et très exigeant artistiquement. Doté de moyens incomparablement plus importants (en budget comme en personnel), l’Opéra de Paris n’a pas mis la Tétralogie à l’affiche depuis les années cinquante, avec Hans Knappertsbusch ! Pour ces deux cycles, la location du Châtelet a été prise d’assaut par le public et l’on se demande bien pourquoi l’Opéra de Paris, qui se consacre d’abord au répertoire rappelons-le, ne veut pas franchir le pas. La difficulté de l’entreprise est réelle bien sûr, la prise de risque évidente, la planification complexe ; rappelons donc les mérites du Théâtre du Châtelet et de son directeur, Jean-Pierre Brossmann, qui achève ainsi son mandat en beauté. Maintenant que penser de cette production ? On s’est fait ici l’écho des jugements partagés que l’on peut porter sur le travail de Robert Wilson, la direction de Christoph Eschenbach et la distribution vocale. Mais un Ring peut-il plaire à tout le monde : non ! Est-ce que ça aurait pu être pire ? Oui, très certainement (cf l’horreur de Stuttgart). Mieux ? Oui, peut être, mais même à Bayreuth on voit des stupidités et les réussites ne sont finalement pas si nombreuses. Et puis le "goût français" a été façonné par l’incontestable réussite de l’équipe Boulez/Chéreau à Bayreuth en 1976-1980, mais il faut savoir se détacher de ses références pour en découvrir d’autres. On ne peut se départir, globalement, d’un certain sentiment de frustration. Le travail de Robert Wilson est remarquable, la dramaturgie très étudiée, les lumières magnifiques, le soin apporté à la réalisation exceptionnel, mais certaines scènes "d’action" (2e acte du Crépuscule) montrent les limites d’un langage qui place sa cohérence interne au dessus des singularités narratives. La dimension corporelle, charnelle s’évacue facilement dans Madame Butterfly, La Flûte enchantée ou Pelléas et Mélisande (trois réussites incontestables du metteur en scène américain), mais beaucoup difficilement dans Wagner où les personnages s’empoignent et se battent ou s’enlacent. Les scènes plus statiques, par contre, bénéficient de la "tension spatiale" que sait faire émerger Wilson, et le dialogue Waltraute-Brünnhilde à la fin du premier acte captive l’attention comme jamais par de simples mais très précis déplacements des protagonistes. Légère frustration aussi par rapport à l’Orchestre de Paris et Christoph Eschenbach. La plasticité de l’orchestre fascine, l’équilibre des pupitres est savamment dosé, mais quelques couacs (des cors notamment) et un manque de graves dans le son irritent à la longue. Cependant la redoutable partition du Crépuscule des dieux, aux motifs enchevêtrés et aux voix multiples, aura été très bien rendue par l’orchestre parisien. Sur la durée, la distribution vocale se révèle de haut niveau, avec une grande Brünnhilde (Linda Watson), même si la prononciation passe au second plan, un Hagen impressionnant d’autorité vocale (Kurt Rydl), un Gunther raffiné (Dietrich Henschel), une remarquable Waltraute (Mihoko Fujimura, un nom à retenir), une bonne Gutrune (Christine Goerke), mais malheureusement une erreur de distribution en la personne de Nikolaj Schukoff, incapable d’arriver aux chevilles du rôle de Siegfried. Mais cette légère frustration n’entache pas l’œuvre qui reste préservée des lubies qu’imposent de force certains chefs et metteurs en scène, ici au moins on respecte Wagner et c’est finalement lui qui triomphe. Et puis ne soyons pas trop sévères, les Ring à Paris sont tellement rares qu’on attend énormément, peut être trop, des nouvelles productions! Philippe Herlin |
Opéra/Classique: Siegfried et Le Crépuscule des Dieux Par Caroline Alexander Suite et fin de la Tétralogie de Richard Wagner lancée en octobre 2005 au Théâtre du Châtelet de Paris. La formule dans les habits de lumière de Robert Wilson reste évidemment la même : abstraction, minimalisme, contre-jours, ombres chinoises, costumes japonisants en géométrie invariable et gestuelle figée dans des poses empruntées pêle-mêle aux bas reliefs égyptiens et au monde des samouraïs. Il ne reste à ceux qui restent insensibles au chic des images qu’à se réhabituer et se laisser aller. Entre ennui et fascination. Trouver un Siegfried plausible Le problème de ces deux dernières journées de la saga de L’Anneau des Nibelungen est de trouver un Siegfried plausible. Tant au niveau de la voix que de la présence. Autant chercher un cil égaré dans la barbe du Père Noël. Au Châtelet, on en propose deux pour le prix d’un : un premier pour le rôle titre de Siegfried, un deuxième pour le même personnage dans Le Crépuscule des Dieux Hélas ni l’un ni l’autre ne réussit à se mesurer au héros. Jon Frederic West pour Siegfried a de la voix mais aucune présence, Nikolai Schukoff pour Götterdämmerung a le physique ad hoc mais pas la voix... L’épée Notung qui rend invincible Mais qui est-il ce héros sans peur et sans reproche auquel une certaine Allemagne rêvait de s’identifier dans les années 30 et 40 du vingtième siècle ? Résumé rapide de quelques éléments des chapitres précédents : il est né des étreintes incestueuses de Siegmund et Sieglinde, jumeaux issus d’une femme ordinaire et d’un dieu, Wotan, qui les abandonne à leur naissance. Siegmund réussit à arracher au frêne sacré l’épée Notung qui rend invincible, que Wotan y avait fichée. Courses-poursuite. Wotan traque les amants en fuite, brise l’épée et fait assassiner Siegmund par l’époux jaloux de Sieglinde. Avant de mourir à son tour, celle-ci s’enfuit avec son enfant. Brünnhilde, la Walkyrie préférée de Wotan, sauve le marmot contre l’avis du dieu et le façonne pour en faire un être d’exception. Mal lui en prend : Wotan la déchoit de sa qualité de guerrière céleste, la condamne à l’exil sur un rocher entouré de flammes. Seul un héros capable de les franchir la sortira du sortilège et en fera une femme. Une histoire qui ne demande qu’à être racontée Bébé Siegfried est élevé par Mime, frère d’Alberich, le voleur de l’or du Rhin, subtilisé par le géant Fafner et gardé par un dragon. Mime a eu vent des pouvoirs du gamin et ne s’occupe de lui que dans le but de récupérer le magot et l’anneau qui doit rendre son possesseur maître du monde. Siegfried est donc tout simplement un petit garçon qui n’a peur de rien mais qui rêve de se faire peur, comme tous les petits garçons. A part ça il est vierge de toute connaissance, jeune adulte resté aussi naïf qu’au jour de son premier vagissement. Dans un monde plus réel, il passerait pour l’idiot du village. Dans celui des Eddas de la saga scandinave adopté et adapté par Wagner, il va suivre son destin, tuer le dragon, s’approprier l’anneau et le heaume magique qui rend invisible, tuer Mime dont un oiseau lui a confié les intentions et libérer Brünnhilde sur son rocher... C’est un conte, une fable, une histoire qui ne demande qu’à être racontée. Wilson se fiche pas mal de l’anecdote. Il met en allégories abstraites des états d’âme et, en gestes saccadés, les instants musicaux. Parfois ça tombe bien (les scènes de la forêt du deuxième acte avec les interventions du réjouissant dragon à tête de robot), parfois c’est en totale contradiction avec la situation, le texte et la musique. Le troisième acte de Siegfried s’en trouve carrément torpillé : une pierre tombale posée en diagonale fait office de rocher, l’espace est vide, les lumières polaires. Alors que les amants découvrent la puissance et l’érotisme de l’amour et qu’ils se le clament à pleine bouche - " tes flammes brûlent dans ma peau, fais en taire l’ardeur écumante " ; " je suis tienne, mon regard te dévore, mon bras te serre... " - Wilson les fige dans des poses amidonnées se tournant le dos à chaque bout de la scène. Résultat, Siegfried, troisième journée de la Tétralogie s’achève lestée du plomb d’un poison mortel : l’ennui. Voici enfin Le Crépuscule des Dieux, six heures et trente minutes de spectacle (entractes compris), un marathon où, par chance, à l’exception du prologue, il se passe plein de choses. Siegfried en selle pour de nouveaux exploits, sa rencontre avec Gunther, Gutrune et le perfide Hagen qui lui fait boire un philtre d’oubli, son mariage manipulé avec Gutrune et celui forcé de Brünnhilde avec Gunther... Les jeux de dupe et de magie, l’anneau qui passe de main en main, le dépit de Brünnhilde qui dévoile le point faible du héros, la mémoire qui lui revient, sa mort martelée par cette marche célèbre (que Wilson accompagne d’images superbes), puis la mort de son aimée dans les flammes qui dévorent le Walhalla alors que les filles du Rhin enfin récupèrent leur bien. Réunir un casting à l’échelle Le système Wilson se poursuit avec les plus beaux éclairages qu’on puisse rêver mais la question persiste : cela suffit-il ? Avec une distribution idéale et un orchestre moulé dans le wagnérisme comme dans un gant, l’ensemble pourrait se contenter de flatter le regard. On en est loin. Parce que tout simplement il est aujourd’hui quasi impossible de réunir un casting à l’échelle. Qui pourrait de fait ces jours-ci rendre crédible le personnage de Siegfried qui doit tenir le devant de la scène des heures durant et couler dans sa voix autant de force que de lumière ? Jon Frederic West, premier Siegfried, a du coffre et du souffle mais pas une once de charme. Sa lourde silhouette refuse de se plier aux chorégraphies wilsonniennes. Visiblement il s’ennuie ferme. Nikolaï Schukoff qui lui succède dans Le Crépuscule arbore en revanche un physique qui se prête parfaitement à la gestuelle distante de Wilson. Mais la voix est blanche, la respiration courte. C’est un mozartien, un belcantiste. Fatale erreur de distribution. Linda Watson reste de bout en bout une Brünnhilde sans réelle envergure mais qui réserve de beaux moments. Le Wotan de Jukka Rasilainen avait déçu dans L’Or du Rhin mais s’était affirmé dans La Walkyrie. En Wanderer, il maintient le cap malgré un timbre trop métallique et une diction approximative. Le plaisir vient de l’Erda crépusculaire de Qiu Lin Zhang, originaire de Toulouse comme son nom ne l’indique pas, de la Waltraut diaphane de Mihoko Fujimura et des méchants : le Mime athlétique et apeuré de Volker Vogel, l’Alberich gangster de Sergei Leiferkus et surtout de la basse Kurt Rydl, tour à tour Fafner et Hagen, insurpassable dans ces deux rôles. Christoph Eschenbach tire de l’Orchestre de Paris des sonorités qui réveilleraient un mort. De la violence plutôt que des nuances : le chef allemand qui dirige depuis six ans l’Orchestre de Paris semble parfois embarrassé de cette première confrontation avec un opéra de Wagner. Quelques beaux moments restent à entendre comme celui des Murmures de la Forêt dans Siegfried, et surtout le son en solo du corniste André Cazalet qui accompagne le heldentenor comme son ombre. |
FINANCIAL TIMES THEATRE DU CHATELET, PARIS By Richard Fairman What a relief: for the final opera in Wagner's Der Ring des Nibelungen the director Robert Wilson found a few more colours. Siegfried had been played out against an almost permanent blue screen, like a science-fiction film before the special effects are added, but in Götterdämmerung we were treated to the sunny yellow of dawn, bloody red and even spot-lit white. That was about as far as the variety went. Wilson's productions do not stretch to character or motivation, let alone a philosophical worldview to match Wagner's intellectual aspirations. Wilson was roundly booed for his efforts, but at least his Ring cycle at the Théâtre du Châtelet (a co-production with the Zurich Opera) sent the Parisian audience away with a handful of striking images - more than had seemed likely a couple of days earlier. The conductor, Christoph Eschenbach, was booed, too, rather unfairly. The Orchestre de Paris is not one of nature's Wagnerian orchestras, but he had immersed its players in the proper Germanic sound and style. Eschenbach's Wagner is of the invigorating kind - itself a welcome antidote to all the arty stand-and-pose inaction on stage - and his performances should have fired up greater enthusiasm. The singers certainly seemed more engaged than those in Siegfried. Led by Kurt Rydl's familiar Hagen, a fearsome portrayal that never ceases to ooze evil, the Gibichung family made a dominant clan, what with Christine Goerke's uncommonly well-sung Gutrune and Dietrich Henschel's solid Gunther. Mihoko Fujimura made something very special of Waltraute's narration. Sergey Leiferkus's Alberich projected the magnetism and Slavic accent of a Russian mafia boss. The shortcomings resided rather with the central couple. The young Nikolai Schukoff is the possessor of a promising but unfinished tenor voice, promoted too early to fit Siegfried's heavy boots. The American soprano Linda Watson, who is due to sing Brünnhilde in the new Ring at Bayreuth in the summer, rose to the role's technical challenges with full professionalism, but left the character as a blank. Symptomatic of Wilson's whole production really - no more than a self-satisfied doodle on an empty page. |